Tim Sweeney a annoncé la mauvaise nouvelle sur le blog officiel d’Epic Games : en difficulté, son entreprise va licencier environ 16 % de ses employés, soit autour de 830 personnes. Le CEO explique que les dépenses sont supérieures aux revenus depuis trop longtemps et même s’il espérait pouvoir compenser avec la croissance des produits maison, Fortnite en tête, c’était un espoir « irréaliste ». La réalité est venue demander des comptes et on imagine qu’avec l’inflation et la hausse des taux d’intérêt, Epic Games doit revenir à une gestion plus conservatrice.

La réduction de la masse salariale devrait permettre à Epic Games de stabiliser ses comptes, sans trop remettre en cause ses produits phares, du moins c’est l’idée. Environ deux tiers des licenciements seront dans des équipes qui ne sont concernées ni par le développement du moteur de jeux vidéo Unreal Engine, ni par celui de Fortnite. À ce sujet, les prochains contenus prévus pour le jeu massivement multijoueur restent planifiés et ne devraient pas être en retard. Le coûteux — et jusque-là inutile — procès intenté à Apple devrait lui aussi se poursuivre, même si les énormes dépenses légales devraient être réduites d’une manière ou d’une autre.

Le CEO promet qu’il n’y aura pas d’autres licenciements à l’avenir et que les embauches ne seront pas gelées, mais on imagine que cela dépend de l’efficacité des mesures du jour. Epic Games espère bien améliorer aussi ses revenus, ce qui passe notamment par une augmentation générale du prix des « V-bucks », la monnaie virtuelle de Fortnite. Comptez sur une augmentation de 11 à 13 % selon la quantité achetée : le pack de mille V-bucks passera ainsi de 7,99 € à 8,99 € à partir de la fin du mois d’octobre, par exemple.

Epic Games se recentre aussi sur son cœur de métier et a cédé le contrôle de Bandcamp, qui a été acquis par Songtradr. C’est un choix tout de même plus cohérent, car personne n’avait réellement compris ce que le créateur de Fortnite comptait faire avec cette plateforme destinée aux artistes et groupes. Son achat au printemps 2022 avait surpris tout le monde, car Bandcamp n’avait rien à voir avec Epic Games et cette dernière n’a rien fait de son achat. Tant mieux pour ses utilisateurs… qui auront sans doute moins de chance avec le nouveau propriétaire.

En effet, Songtradr se présente comme une entreprise spécialisée dans les accords de licence et la vente de musique, ce qui revient à l’arrière-boutique (ou le back-end dans un autre univers) de cet univers, quand Bandcamp s’intéresse plutôt à la surface de vente (ou le front-end). On voit bien l’intérêt pour le vendeur de musique d’avoir accès à un grand nombre de clients fidèles à une boutique… mais c’est aussi un accès aux artistes qu’a acheté Songtradr pour une somme inconnue.

Le nouvel acquéreur compte bien exploiter cet accès, en proposant aux plus de cinq millions d’artistes qui vendent leur musique aux particuliers via Bandcamp de la vendre aussi à d’autres créateurs de contenus, dans l’industrie du jeu vidéo ou encore à de grandes marques. D’ailleurs, c’était peut-être le plan initial d’Epic Games, qui devrait signer un partenariat avec SongTradr pour simplifier les licences de musiques dans les jeux vidéos de l’écosystème Epic, ou encore dans la fonction radio intégrée à Fortnite.

Cette nouvelle n’a pas été accueillie positivement par tout le monde. Des artistes se sont lancés dans un projet pour recréer un Bandcamp qui serait possédé exclusivement par les créateurs de musique. Des clients conseillent de télécharger une copie locale de toute la musique achetée sur Bandcamp, avec la peur que cela ne soit pas possible pour toujours.